Les leviers stratégiques de la Démocratie

Les citoyens parties prenantes de la co-construction des lois

La Démocratie – d’origine grecque – désigne un gouvernement de la majorité par elle-même où les politiciens sont les citoyens eux-mêmes. La démocratie est donc une pure co-construction de la loi. Or, tout le monde s’accorde à dire que dans la réalité, les processus sont loin d’illustrer cette définition.
Pourquoi la Démocratie est-elle un mot si présent dans les discours et un processus si absent dans les faits ? Sur la base des fondements et du modèle de la co-construction, nous interrogerons ici, de façon non exhaustive, cet idéal de co-construction des lois, ses difficultés, ses limites. Nous évoquerons également les leviers concrets qui pourraient être activés afin d’envisager un progrès vers davantage de démocratie – cet idéal de civilisation qui ne cesse de se rêver mais qui, décidément, peine à se concrétiser…

Rappel : Les leviers stratégiques d’une co-construction efficace

Co-construire l’Avenir est une démarche qui promeut la co-construction, quel que soit son objet, pourvu que cette co-construction soit une réponse adaptée.

Pour se faire, nous prenons le parti de « lire » les projets collectifs en nous appuyant sur un modèle que nous avons conçu, et dont l’objectif est de faciliter l’analyse et la mise en oeuvre des projets de co-construction. Je rappelle ici qu’un modèle, pour nous, n’est ni unique, ni universel, et ne prétend en aucun cas expliquer tous les mystères du monde. En revanche, c est un outil bien utile, qui, s’il est pertinent, permet d’analyser le réel, de pouvoir le transformer en agissant de façon méthodique, et donc de progresser dans un sens que nous pensons le bon…

Ce modèle de co-construction s’appuie sur quatre grands leviers stratégiques qui favorisent un processus de co-construction – quatre grandes conditions à réunir et à renforcer en permanence, quel que soit le projet collectif en question. En savoir plus sur le modèle générique – Fondements de la co-construction – Partie 3 – Comment co-construire ?

Nous posons des problématiques générales, sans prétendre y répondre ici. Chaque question devrait faire l’objet d’un travail poussé. Notre objectif ici est de proposer quelques grandes lignes de progrès possible, de reformuler des objectifs atteignables, et de susciter la réflexion, le débat et l’action…

  • Du sens puissant et partagé

    Pourquoi les citoyens s’engageraient-ils dans l’élaboration et la construction d’une loi ? Sont-ils suffisamment motivés pour s’engager dans l’action ? Pour contribuer au projet ? La loi a t-elle un sens pour tous les citoyens ? Tous les citoyens se sentent-ils concernés ?

    Est-elle bien un véritable enjeu pour tous, ou bien seulement pour quelques uns ? La loi a t-elle une signification claire et partagée par tous ? L’application de la loi est-elle suffisamment équitable pour lui donner un sens puissant ?

  • Le « pouvoir » de co-construire

    La Constitution permet-elle de co-construire la loi ?
    Y-a-t-il les institutions adéquates, les bonnes règles de représentativité, etc. ? Les citoyens respectent-ils tous ces règles qui garantissent une possible co-construction ?  Y-at-il des médiateurs neutres ? Des animateurs qui facilitent les processus ?

    Les citoyens sont-ils légitimes pour exercer cette fonction ? Ont-ils les compétences techniques, culturelles, fonctionnelles ou relationnelles pour élaborer cette loi ?

    Les citoyens ont-ils la possibilité d’interagir suffisamment afin d’élaborer une loi pertinente qui produirait du consensus ? Sont-ils capable de s’écouter ? Ont-ils appris à communiquer ?

    Lire notre dossier  Sixième République ou une première Démocratie ?

  • Une plateforme de collaboration

    Y-a-t-il des espaces puissants qui permettent de co-construire la loi ?

    Des lieux transparents, neutres, des espaces de rencontres et d’échanges entre les parties-prenantes ? Des espaces publics qui appartiennent à tous ? Des espaces physiques et/ou virtuels ?

    Des espaces qui permettent de fixer la co-construction, de la matérialiser sous divers formes et de faire circuler les informations. Des espaces qui capitalisent ces informations ? Qui les rendent davantage disponibles pour tous les citoyens ?

    Y-a-t-il des espaces dédiés à la co-construction de la loi ? Des lieux intégralement dédiés au projet qui permette de concrètement rendre possible la coopération et le travail collectif ?

  • Un système de reconnaissance adapté

    Y-a-t-il un système de reconnaissance pertinent qui permet d’évaluer la contribution de chaque citoyen au projet de co-construction de la loi ?

    Les citoyens sont-ils reconnus personnellement pour leur contribution au projet collectif ? Cette reconnaissance est-elle vraiment adaptée au projet ? Est-elle équitable et acceptée par tous ? Donne-t-elle envie au citoyen de s’impliquer davantage ? Les citoyens ont-ils le sentiment d’en retirer un bénéfice personnel (qui peut être aligné sur l’intérêt collectif) ?

    La démocratie elle-même est-elle suffisamment « reconnue » ? Est-elle identifiée par tous comme étant le bon système ?

Voici quelques questionnements, non exhaustifs, qui permettent de mettre en avant les faiblesses fondamentales d’un projet de co-construction de la loi, qui d’emblée nous apparait bien loin de remplir les conditions minimales nécessaires à sa réussite.

Ces problématiques, traitées de façon pertinente, pourraient fonder des actions puissantes, qui selon nous, permettraient au projet de co-construction de la loi d’être davantage envisageable.

La période actuelle est à plus d’un titre intéressante. En effet, la révolution numérique, en particulier, offre un espace sans précédent d’expression et d’action pour les projets de co-construction.

Le levier traitant de l’importance d’une plateforme de collaboration (physique ou virtuelle) trouve des débouchés nouveaux avec Internet. D’ailleurs, il est intéressant de noter que l’élan de démocratie participative correspond bien à l’arrivée de ces nouveaux « outils ». Partout, fleurissent des expériences de Démocratie locale, toutes rendues possibles par l’émergence du Web.

Et dans ce nouveau monde, ce sont peut-être les « machines » qui permettront aux voix humaines de se faire entendre un peu plus…

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Commentaires
  • Cécile
    Répondre

    Bonjour,

    cet article me fait me poser moult questions supplémentaire : d’abord quel périmètre de lois ?

    nous voyons bien que nous sommes une société qui comprend beaucoup de gens (bon, pour sur je ne vous apprend rien !), et donc ayant des vues totalement antagonistes sur nombre de sujets – mariage pour tous, avortement, peine de mort, accompagnement de la fin de vie, contenu du contrat social…pour nommer quelques sujets qui ont déjà suscité nombre de débats et d’oppositions – : comment une co-construction pourrait avoir lieu sur des sujets de ces natures ?

    comment déciderait-on des sujets sur lesquels co-construire ou non ?
    comment faire un programme pour un candidat : ‘je serai garant de la co-construction’ serait son seul programme ?

    et pb déjà existant, comment s’assurer qu’il n’y a pas de conflit d’intérêt pour ceux qui participent ?

    ça me semble autrement plus complexe que la démocratie locale, où pour ce que j’en connais on cherche à traiter de pb concrets – comment on aménage le parc, où on crée une piscine, quid du stationnement etc…- …Bien sur, dans les recherches très concrètes nous mettons en jeu nos croyances et nos valeurs pour chercher des solutions, .. mais elles avancent en quelque sorte masquées, alors que nombre de lois, elles se dressent dans toute leur nudité et leur vigueur.

    Et imaginer des consensus possibles sur les croyances et les valeurs, est-ce bien raisonnable ?